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À propos du Talah

 

Il y a quelque temps, je vous ai rappelé  les mésaventures vécues par de nouveaux arrivants dans la vallée de la Seybouse, en titrant : Les bons, les méchants et la cavalerie.

Je terminai en proposant, si cela pouvait se faire, une inversion des rôles. Et puis, la « France » s’est échauffée  à propos du bras d’honneur de monsieur Longuet.

La soupape est redescendue maintenant. Sans que cela soit un scoop, voyons que l’animosité des gens du Talah envers l’armée française ne date pas de la présence du 4ème de hussards à Sidi-Djemil. Les textes sont aussi des extraits de la revue : La Seybouse ; que l’on retrouve sur internet via le site de monsieur Bartolini : Bône la coquette. Reproduction d’une étude faite par le capitaine Maitrot sur : Bône militaire aux numéros 54-55et 56 de la revue.

Un malheur est arrivé dans la subdivision de Bône qui m'oblige à tenter une vengeance éclatante.  Le caïd Mahmoud ben Hassen, du cercle de La Calte, homme distingué et des plus dévoués, était parti avec les instructions les plus sages et les plus prudentes pour collecter l'achour. M. le capitaine d'état-major Saget, chargé du service topographique, jeune sujet de grande espérance, avait profité de l'occasion pour faire la levée du pays ; l'escorte du caïd et du capitaine se composait d'une vingtaine de spahis. 

 Tout avait été au mieux jusque dans les Bénis Salah de la plaine ; le caïd avait été reçu partout avec respect et affection.  Les douars des cheicks Ez Zobéir et Oulad Oussif, des Béni Salah Oulad Ahmed les avaient aussi parfaitement accueillis et leur avaient donné une généreuse hospitalité.

Un cheick voisin, nommé Ahmed ben Chaïb, dont le douar était enfoncé entre les Béni Salah Oulad Mihoub et les Béni Salah de la montagne est venu inviter le caïd Mahmoud et le capitaine Saget à visiter aussi son douar, leur exprimant, qu'ils seraient déshonorés et obligés de quitter le pays s'ils leur faisaient l'affront de ne pas venir manger le couscoussou dans sa tente Le caïd et le capitaine eurent l'imprudence de céder aux perfides instances d'Ahmed ben Chaïb quoique les cheicks des Oulad Zobéir et des Oulad Oussif leur insinuassent qu'il y avait des risques à courir et que l'on ne pouvait guère compter sur la foi de Ben Chaïb Mais le capitaine Saget, qui déjà avait poussé la veille jusqu'aux ruines de Ksar el Achour, au coude de la Seybouse, entraîné par la passion du métier et par le désir de lever un pays inconnu, détermina le caïd à accepter l'invitation, ce qu'ils firent quoique les instructions sévères de M. de Mirbeck, commandant du cercle de La Galle, leur interdisant de pousser aussi loin.Une fois arrivés dans le douar, le caïd étant à se reposer dans sa tente et le capitaine Saget occupé à dessiner un point de vue, le cheick Chaïb a tiré un coup de pistolet à bout portant dans le flanc de ce malheureux officier. Un autre Arabe, Fretah Ould el Ferchy a, en même temps, tiré un autre coup de pistolet sur le caïd Mahmoud qui se reposait dans sa tente ; un autre spahi aussi a été tué ainsi que l'ordonnance du capitaine Saget ; huit spahis ont perdu leurs chevaux et leurs armes et ont été complètement dépouillés

 La mort prématurée du capitaine Saget est, non seulement un grand malheur, mais c'est aussi une bien grande perte pour l'armée et la science. A peine le crime commis, le cheick Chaïb et son douar ont abandonné le pays qu'ils occupaient pour se retirer à quelques lieues de là, dans une position inexpugnable(les Beni-Mezzeline) où je ferai pourtant en sorte d'aller les surprendre lorsque j'aurai pu réunir quelques troupes. J'ai envoyé chercher les corps du caïd et du capitaine Saget, les honneurs funèbres leur ont été rendus à Bône ".

Cet assassinat avait eu lieu le 21 octobre.

Le 22 décembre, le général sortit de Bône, puis, après avoir à Guelma fait sa jonction avec une colonne venue de Constantine, se dirigea de manière à tourner les Béni Salah. Pendant ce temps, le commandant de La Calle, le chef d'escadron de Mirbeck, partit de Dréan à la tête de 1.000 hommes et entra dans la plaine ; enfin, 300 hommes et les auxiliaires indigènes marchèrent sur les montagnes de Talha. La marche de ces colonnes ruina complètement le pays, les douars furent incendiés, les hommes massacrés, les femmes et les enfants enlevés, les troupeaux capturés, les silos vidés. La perte faite par les Béni Salah a été évaluée à 500.000 francs. Ahmed ben Chaïb réussit à s'échapper, le marabout Ali ben Djabahlah fut décapité, aussitôt pris, avec 60 de ses complices. Les têtes furent exposées sur le marché de Bône, le douar fut complètement anéanti. On retrouva, chez le marabout, les effets, les papiers et les instruments du capitaine Saget (5). 

Le 3 juillet, la forêt de l'Edough (7) qui avait été, on s'en souvient, la cause de la révocation du caïd Kermiche, fut remise à l'Etat. M. Renou, sous-inspecteur des forêts qui avait accompagné le général, se fit emmener par son cheval au retour et alla se briser la tête dans un ravin. Peu de temps après, le général passa chez les Beni Salah et exigea la livraison des assassins du capitaine Saget.

Dans la matinée du 25 août, la tête de Mohammed ben Gouem était exposée sur le marché et un crieur répétait d'heure en heure . La tête qui est sur le poteau est celle de Mohammed ben Gouem, l'un des assassins du capitaine Saget et du caïd Mahmoud. La justice de Dieu est accomplie, ses frères eux-mêmes en ont été les instruments : que ceux qui voudraient les imiter s'assurent que c'est bien la tête de Mohammed ben Gouem, et Dieu fera le reste.

 

Petit extrait du N° 68 sur la colonisation de l’Algérie.  Livre de Monsieur Enfantin

J'ai dit que les tribus kabyles insoumises de la zone maritime étaient, sinon plus à redouter, du moins plus difficiles à soumettre que les tribus .qui sont établies au sud de la ligne des colonies militaires. Elles sont à redouter à cause de leur voisinage; mais, je l'ai dit aussi, elles attaquent peu hors de chez elles ; elles n'aiment pas, il est vrai qu'on' aille les visiter avec des fusils. Ce voisinage pourra contribuer à rendre leur soumission plus prompte que celle des tribus du Sahara, si nous agissons de manière à rendre leur contact avec nous profitable pour elles et pour nous.(copie de notre ami Victor Suszwalak)

Published by francis.mauro - les écrits

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"Blog d'un ancien sous officier d'active du 4e RH de 1956 à fin 1959. ce blog est un blog qui cherche à regrouper les anciens de ce régiment de la guerre d'Algérie à ceux à nos jours jusqu'en 2011. bienvenue à tous!"

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