Souvenirs d’AFN.
Bivouaque et nomadisation.
Il y a peu, je me plaignais de l’inconfort de ma literie ne trouvant le sommeil. C’est alors que je me remémorais nos multiples nuits dormant à la « belle étoile » dans les djébels.
Combien de fois avons-nous dormis sur « le terrain » ? Dans l’inconfort le plus total. Sans matelas, sans drap ni couverture, rien que le sol où nous nous trouvions, et pourtant que de belles nuits nous passions !
Je me souviens de ces nuits chaudes et douces où je dormais comme un bébé heureux et tranquille avec en bruit de fond, la canonnade et les courtes rafales lointaines d’armes automatiques, éclairé par les lucioles des avions tournoyants dans le ciel de la nuit noire.
Parfois, en bouclage sur une ligne de crêtes, nous étions en position sur place sans pouvoir bouger d’un mètre. Nos positions avaient été reconnues par chacun d’entre nous en nous signalant par la lumière d’une courte rafale en l’air. Donc plus question de bouger. Alors nous étions figés à l’endroit de notre position jusque au lever du jour. Allongé sur le dos ou recroquevillé dans un coin de rocher nous devions essayer de dormir sur le « qui vive » en armes et équipements, prêts à intervenir à tous moments.
Des tours de gardes étaient organisés pour notre protection à tour de rôle par faction de deux heures chacune. Et pourtant malgré ce décor et cette ambiance peu propice au farniente, je me souviens avoir passé mes plus belles nuits de ma vie.
Renversé sur le dos dans la pierraille, enroulé dans ma djellaba kaki, mes sacoches de PM comme oreiller et celui-ci bloqué sur ma poitrine, comme je me sentais bien et serein. J’avais un sentiment de sécurité et de confort inégalable, me donnant une véritable envie de rire de joie, de pouvoir enfin reposer mon corps épuisé par la longue marche de la journée de djébels en djébels. Je m’endormais aussitôt d’un sommeil profond et réparateur, faisant abstraction de l’environnement.
Et oui ! Que de bonnes nuits nous passions quand nous avions vingt ans, et pourtant c’était la guerre et nous étions soldats.
Francis Mauro le 27 août 2011.
Published by francis.mauro - les écrits