Au-delà de toutes polémique et discours plus ou moins malveillants et rétrogrades, je voudrais vous citer quelques petites anecdotes sur se sujet de mon expérience d'ancien militaire. Et je vous assure que tout ce qui suit est rigoureusement exacte, (quel intérêt aurais-je à mystifier ?) Nous étions à Mondovi où nous avions "reçu" des nouvelles jeunes recrues venant d'achever leurs classes en métropole. Au bout de quelques jours, quartier libre fut donné à ces jeunes pour faire un petit tour en ville. Un de ceux-ci qui se revendiquait un dur des banlieues d'une grande ville, était auprès de ses camarades une "idole". une fois en ville, il ne trouva rien mieux que d'envoyer une rafale de son PM dans un café arabe, imitant des séquences de westerns, pulvérisant des bouteilles sur une étagère derrière le bar, et disant de la bouteille restante:
-C'est celle la que je veux!
Devant le fou rire de ses acolytes bien éméchés. Les faits me furent rapportés en vue de le sanctionner... .
Le demain au moment de la toilette qui se faisait en plein air devant une rampe de robinets. Je vis arriver ce jeune rayonnant de ses exploits. Il commença par ne pas me saluer, ce qui était pourtant la coutume, voir le règlement, il me regarda froidement dans les yeux me disant:
-Moi, je n'ai peur de personne!
Je lui répondis:
-Bravo! tu es un homme! Mais maintenant tu vois la soute du magasin devant nous grillagée fermée à clef! Il me regarda étonné ne comprenant pas. Alors je lui dis:
-Tu viens nous allons faire un tour dedans!
Je lui laissé finir sa toilette, puis je l'invitais à me suivre dans la soute, une fois à l'intérieur, je fermais celle ci et jeter la clé au dehors où déjà une bande de curieux regardaient ce qui allait ce passer. Alors je mis mes galons dans ma poche, et en voiture pour une bagarre d'homme à homme, non sans prendre quelques coups moi aussi.
Finalement cette terreur des bacs à sables n'était qu'un pauvre garçon qui voulait avec sa langue et ses gestes épater la galerie. Le lendemain il me salua à six pas, et me dis:
-Je suis à vos ordres et je ferais tous ce que vous me demanderais, et si vous voulez, je laverais votre linge gratuitement.
Je n'en demandais pas tant. Ce fut par la suite un de mes meilleurs éléments.
Nous étions cette fois à Kef-Drari avec encore des jeunes recrues. Un jour une montre bracelet avait disparue dans une douche. Un hussard l'avait oublié. Qui avait volé cette montre? Cela fit scandale car dans les rangs, il n'y avait pas de place pour les voleurs. Une punition collective fut instaurer, pour démasquer le coupable au bout de quelques jours enfin, il rendit la montre en s'excusant. Je pensais l'affaire close.
Mais quelle ne fut pas ma surprise de voir après le repas du midi au milieu de la cour, les hommes de son groupe, lui administrer une sévère correction. Je dus intervenir, mais pas assez vite, car deux hommes l'avaient empoigné, un par les bras et l'autre par les pieds, et dans un élan le lancèrent dans les barbelés à l'extérieur du poste. Il en ressortit difficilement couvert de blessures.
Il fut par la suite un hussard qui ne savait plus comment faire pour retrouver un peu de camaraderie.
Un autre jeune venant de banlieues chaudes allait lui aussi faire son petit cinéma, cette fois à Sidi Djémil. Il semblait irrécupérable, n'ayant selon lui peur de personne et ne ferait rien de ce qu'on lui demande.
Cette fois ce fut le capitaine qui prit l'affaire en main. Dans ce poste, par temps clair nous pouvions voir les rebelles se déplacer au loin dans les djebels. Le capitaine l'interpella et lui dis en lui donnant ses jumelles:
-Tu vois, sur la ligne de crête des rebelles qui se déplacent?
-Oui, je vois et alors?
-Et bien cette nuit, comme tu n'as peur de rien, tu vas aller seul allumer un feu sur cette ligne de crête!
Le dur des durs, resta sans voix devant la moquerie de ses camarades. Et ce fut ici encore la démonstration de "la mise à niveau" des jeunes qui se prenaient pour ce qu'ils n'étaient pas en réalité.
Ici trois exemples, mais comme ça il y en a des centaines, qui allaient changer et remettre sur pieds des jeunes cherchant qui ils étaient.
Le "bain du service militaire" avait cela de bon de faire cohabiter entre eux toutes les différences pour un même devoir dans une même idée de rassemblement, mieux que tous ces mots de nos politiciens. Ces trois jeunes après cette vie collective en ressortirent bien différents n'ayant plus rien à voir avec leur prédestination de voyous. Ils avaient tout simplement appris à vivre.
(excusez ici et là les petites fautes). FM
Published by francis.mauro